Samedi dernier, un copain qui y travaille nous a fait visiter le Jardin botanique, et en particulier les serres actuellement fermées au public (pour cause de vols, c'est dingue quand même, non ? Bien qu'après avoir vu toutes ces plantes extraordinaires, je reconnais que c'est tentant). Visite commentée, donc, ce qui est infiniment plus intéressant que de se contenter des quelques mots laconiques jetés sur une petite étiquette en plastique.

Dans la première serre, tropicale (ça tombait bien, justement ce jour-là il faisait froid, humide et venteux dehors), nous avons pu admirer toutes sortes de plantes aux noms chargés de rêves :

- un bébé baobab (eh oui, avant d'être immense, le baobab commence par être petit)

- des caféiers (un arabica et un robusta, comme dans vos tasses - moi je ne bois pas de café)

- un cacaoyier (ah, que serait la vie sans le chocolat ! si mon fils a appris une seule chose l'an dernier, c'est la liste de tous les éléments bénéfiques du cacao : vitamines, théobromine et j'en passe ; moi j'ai oublié, je me contente de savourer, lui il le sait par coeur et se complaît à me le réciter quand j'ai le culot de lui reprocher d'en manger trop - alors que j'en consomme plus que lui, faut pas le répéter...)

- un ananas avec même un fruit, en fait c'est une plante toute petite (une Broméliacée, plante herbacée et non un arbre)

- un bananier, pas de ceux, décoratifs, que l'on voit dans certains jardins et dont les fruits sont immangeables, non, un vrai bananier qui fait des bananes qui sont bonnes ; les bananiers ne sont pas des arbres, ce sont de grandes herbes en fait

- un poivrier

- un pied de gingembre dont les feuilles sentent... le gingembre (mais c'est la racine qui est utilisée ; le gingembre confit avec du chocolat noir... mmm... un délice !)

- un pied de tiaré

- un frangipanier

- un pied de vanille ; la vanille est une orchidée, malheureusement celle-ci n'était pas en fleur ; la vanille ne peut être fécondée que par un insecte qui vit uniquement dans sa région d'origine, et sinon par la main de l'homme (qui est le plus souvent une femme d'ailleurs...)

...

Je crois que j'en oublie, je n'ai fait aucune photo et je le regrette bien maintenant.

Dans cette serre, il y avait aussi des Tillandsia, curieuses plantes qui se nourrissent littéralement de l'air du temps : de la même famille que l'ananas, la plupart des Tillandsia sont épiphytes : dépourvues de racines, elles vivent accrochées n'importe où (fils téléphoniques, branches d'arbres, écorces...). Leurs feuilles argentées sont capables d'absorber l'humidité ambiante, importante dans leurs régions de prédilection, et les minéraux que ces brouillards contiennent.

Et, ce qui m'a le plus plu (le pluplu...) : les plantes myrmécophiles c'est-à-dire des plantes épiphytes qui vivent en symbiose avec les fourmis (zut, comment échapper au jargon scientifique ?!) donc des plantes qui forment avec les fourmis une association bénéfique aux deux partenaires. Ouf. Celles que nous avons vu (des Rubiacées, comme le gratteron bien de chez nous !) ont poussé l'association très loin : ces plantes développent à la base de la tige un renflement creusé de galeries convenant parfaitement aux fourmis. En échange de l'abri et de la nourriture (nectars, fruits) qu'elles reçoivent, les fourmis offrent à la plante une protection contre certains prédateurs et de la nourriture (leurs excréments ou des débris végétaux qu'elles apportent). Deux sites très intéressants pour en savoir plus ici et là.

La serre suivante est dédiée aux plantes des déserts : Cactées et plantes succulentes. Les cactus poussent uniquement en Amérique ; en Afrique ce sont d'autres familles de plantes qui ont développé le même type d'adaptations qui les rendent très semblables : feuilles réduites à des épines, tiges vertes et succulentes... Ces plantes sont très étonnantes mais leur côté un peu figé m'attire moins.

Enfin, dans la troisième serre, les plantes carnivores. Nous avons vu les droséras, qui poussent dans nos contrées, et diverses autres espèces exotiques, très jolies, avec leurs grandes urnes mortelles (Nepenthes, Sarracenia) ou leurs feuilles transformées en mâchoires pleines de dents (Dionées)... Certaines Sarracenia étaient en fleurs, organe souvent dédaigné chez ces plantes si particulières, c'est dommage car ces fleurs sont tout aussi extraordinaires, avec un arrangement des pétales parfaitement organisé pour empêcher l'autofécondation. Cas particulier : une petite plante proche de nos droséras, mais qui ne se nourrit pas du suc des insectes qu'elle capture. Ceux-ci sont dévorés par une punaise spéciale munie de longues pattes lui permettant d'échapper aux poils gluants de la plante, laquelle se nourrit en fait des excréments de la punaise !

La nature est incroyablement inventive...

Ensuite, nous avons fait le tour du jardin botanique, dont le thème est "des plantes et des hommes" : les plantes alimentaires, tinctoriales, médicinales, toxiques... Très intéressant aussi mais moins exotique.