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Cette magnifique allée de platanes traverse le bassin que Riquet avait prévu de faire au seuil de Naurouze, lieu magique où les eaux se partagent : côté nord-ouest, les cours d'eau et le Canal du Midi coulent vers l'Atlantique, côté sud-est ils coulent vers la Méditerranée... Pour les rivières et ruisseaux, bien sûr, pas de problème, soit ils se dirigent vers la mer, soit ils se dirigent vers l'océan. Mais le Canal, qui relie Méditerranée et Atlantique ? Cela m'a longtemps paru bien mystérieux... et comme pour le Père Noël, il est parfois agréable de faire durer le mystère !
J'ai découvert ce lieu en 1995, j'y suis retournée en mars 2006, et j'ai fait ces photos que j'aime beaucoup.
Au seuil de Naurouze, le Canal est à son point culminant, et il est alimenté, via la Rigole, par les eaux de la Montagne Noire. Que se passe-t-il au point précis de partage des eaux ? Comment les eaux peuvent-elles se partager ?
Elles ne le peuvent bien sûr pas. À cet endroit, l'eau est calme et rien ne se devine, mais en hiver, les feuilles mortes posées à sa surface voguent tranquillement tantôt vers la mer, tantôt vers l'océan... au gré des écluses je suppose. Sur la photo ci-dessus, en face l'eau qui arrive de la Montagne Noire, avec une écluse ; à gauche, les eaux partent vers l'Océan, à droite elles partent vers la Méditerranée. Vers la gauche, on devine le vieux panneau vert qui explique le phénomène.
C'est à la fois banal et étonnant, en tous cas un lieu magnifique, particulièrement pour les amoureux-ses des arbres car il y a au seuil de Naurouze un arboretum riche de nombreuses essences.
Ici, encore les platanes côté Océan. Je ne sais pas pourquoi le tronc de certains est orangé alors que les autres sont gris comme on a l'habitude de voir les platanes.
Vers la Méditerrannée, je ne sais pas pourquoi ça semble moins majestueux. Ce lieu est quand même une invitation au voyage, non ?
Penser que Riquet a financé tous les travaux sur sa fortune personnelle, et que ces kilomètres de canal ont été creusés à la main par des milliers d'ouvriers... ça m'espante, comme on dit ici.
Pour en revenir au bassin, Riquet avait envisagé de faire un grand bassin octogonal avec de magnifiques sculptures au milieu, dans le style de l'époque (Louis XIV). Mais ce bassin s'envasait constamment et finalement, on a renoncé à ce rêve. Il reste juste un petit canal qui en fait le tour. Et une magnifique allée de platanes a été plantée au milieu, pour notre plus grand plaisir.
(le 19/12/08, photos de mars 2006)
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Nous avons passé la nuit au gîte d'Aydius. Et au petit matin... l'émerveillement du soleil levant sur un vaste paysage de montagne enneigée. Pour moi qui venais de vivre une dizaine d'années dans les Landes et Bordeaux, c'était totalement dépaysant !
De l'autre côté, un pic majestueux dans la brume. Je ne sais pas son nom mais je l'ai reconnu aussi sur des photos d'Aydius vues sur internet. Ce gîte existe apparemment toujours, je ne peux que le recommander, l'endroit en vaut la peine !
Ce jour-là, nous sommes allés visiter le Fort du Portalet, avant d'entamer une randonnée vers d'autres cabanes de berger, en passant par le chemin de la Mâture. Bizarrement, je n'en garde aucun souvenir ! C'est pourtant un endroit très curieux. Ce fort a été construit dans la montagne au-dessus du gave d'Aspe, en face du chemin de la Mâture, pour protéger la route du col du Somport. Il a servi de lieu de détention pour des personnalités politiques sous le régime de Vichy (Léon Blum et d'autres) puis brièvement, après la guerre, pour le maréchal Pétain. Devenu monument historique en 2005, il est en cours de restauration et ouvert à la visite. Quand j'y suis passée, il appartenait à un particulier qui n'avait pu mener à bien ses projets, et il était à l'abandon. J'y ai fait seulement cette photo, essayant d'imaginer ce que pouvait ressentir un prisonnier enfermé dans ces geôles humides, face à un paysage aussi sublime !
Le même paysage sans les barreaux... J'étais sans doute moi aussi dans je ne sais quelle prison intérieure, pour n'avoir pas fait une seule photo de cet étonnant ensemble de bâtiments reliés par des galeries creusées dans la roche ! Le petit nombre de pellicules disponibles explique-t-il tout ? Je ne le crois pas... Heureusement, d'autres que moi ont fait le reportage photo que j'aurais pu faire. J'ai quand même quelques regrets...
Puis nous sommes partis en balade sur le chemin de la Mâture, creusé dans une falaise qui longe les Gorges d'Enfer. Ces gorges méritent bien leur nom ! Elles sont particulièrement resserrées et un impétueux torrent gronde au fond avant de se jeter dans le Gave d'Oloron.
Je ne sais plus pour quelle raison, je n'ai photographié le chemin de la Mâture qu'au retour, mais je vous sens impatient-e-s, alors le voilà.
Bien sûr, la photo est impuissante à rendre vraiment compte de la folie grandiose de ce site : formant une galerie de quatre mètres de haut pour quatre mètres de large dans la falaise, sur environ un kilomètre, il surplombe le torrent de Sescoué de 200 mètres... Pourquoi avoir un chemin dans un tel endroit, et pourquoi ce nom de chemin de la Mâture en pleine montagne ?
Vers 1660, Colbert ordonna la mise en exploitation des forêts béarnaises pour en extraire le bois destiné à construire les bateaux de la Marine Royale. Plus tard, les forêts s'épuisant, il a fallu aller chercher du bois dans des forêts de plus en plus difficiles d'accès. C'est ainsi que l'ingénieur Leroy décida l'exploitation des arbres de la forêt du Pacq (au dessus du village d'Etsaut), mais il fallait franchir les Gorges d'Enfer... Un chemin fut taillé dans la falaise pour descendre les troncs jusqu'au Port d'Athas sur le gave d'Oloron.
Le chemin de la Mâture fut terminé en 1772. Les troncs de sapins qui allaient devenir mâts de navires, longs de trente mètres, étaient alors tiré par des attelages de boeufs... Quand on a emprunté cet étroit et périlleux chemin, on mesure pleinement ce que cela signifie comme galère, c'est le cas de le dire ! Les sapins n'étaient pas seuls exploités : les hêtres devenaient avirons et poutres ; les buis, au bois très dur, essieux et poulies.
Les futurs mâts étaient transportés par flottage sur le Gave jusqu'à Oloron, puis Bayonne. La ressource fut épuisée en 1778, seulement six ans après le début de l'exploitation de la forêt ! Aujourd'hui, ce tronçon étonnant du G.R 10 n'est plus parcouru que par les randonneurs. Quant aux forêts pyrénéennes, elles ont été littéralement dévastées par ces exploitations massives et il leur a fallu une bonne centaine d'années pour s'en remettre. L'ONF a dû procéder à des reboisements.
J'y ai vu cette plante typique de la montagne, une saxifrage. Ses feuilles sont dures, comme calcifiées.
Celles-ci étaient quasiment inaccessibles, j'ai dû demander à un des copains, plus grand que moi, de faire la photo. Je pense qu'il s'agit de la saxifrage des Pyrénées, espèce endémique à la somptueuse floraison.
Sur des buissons de buis couverts de neige, cette éphippigère surprise par le brutal changement de temps. C'est une dame, comme en témoigne la longue épée qu'elle arbore ! Je ne plaisante pas, chez les sauterelles, ce sont les dames qui ont une épée... Elles l'utilisent à des fins pacifiques : il s'agit d'un "ovipositeur", qui leur permet d'insérer leurs oeufs dans le sol ou des tiges dures.
Sans doute un peu ralentie par le froid, elle a volontiers accepté de se laisser tirer le portrait.
Le ciel s'assombrit... Le paysage n'en est que plus grandiose.
Les sapins, les hêtres, vestiges de la magnifique forêt qui a donné de beaux mâts de navire...
Le chemin passe dans un sous-bois de hêtre, au feuillage roux.
Le soir, au soleil couchant, près de la cabane de berger où nous avons passé la nuit.
C'est de là que nous venions.
La même montagne plissée, le lendemain matin. La brume s'étant dissipée, on voit bien ces étonnants plis. Je trouve toujours ça absolument fascinant, que la roche, si dure, ait pu être ainsi pliée, tordue, comme de la vulgaire pâte à modeler !
Le fruit séché de je ne sais quelle fleur de montagne. J'ai aimé sa chaude couleur dorée, sur le fond de neige étincelante.
Un lièvre ou un lapin est passé par là...
Et cette belle moquette épaisse, brillante et soyeuse ?
La neige vue de très très près (je pense que j'avais dû mettre les bagues allonge en plus de l'objectif macro).
De courageux bouleaux, avec leurs troncs blancs, comme suspendus à la montagne, sur fond de ciel d'un beau bleu profond.
D'autres fruits séchés, peut-être de lis ?
Et les traces d'un isard (le chamois des Pyrénées).
Et donc, au retour, le chemin de la Mâture, on ne s'en lasse pas alors je le remets...
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Ces jours-ci (janvier 2010), nous avons eu de la neige, et j'ai essayé de me remémorer mes neiges d'antan... Pas de souvenirs d'enfance, j'étais à Paris et dans les Landes, pas très favorable sans doute.
Alors, pour commencer, une balade que j'avais faite avec trois copains dans les Pyrénées un week-end de Toussaint, en 1983. Nous étions étudiants à Bordeaux, et nous avions passé trois jours dans la vallée d'Aspe. Je me souviens de peu de choses, je n'ai pas la mémoire des noms du tout, et je ne connaissais pas assez les Pyrénées pour bien savoir où nous étions. Je crois aussi que ces détails m'importaient peu : ce qui comptait seulement, c'est que j'étais dans des paysages magnifiques, avec trois copains sympas, loin de la grisaille bordelaise, de la grisaille de ma vie...
J'avais un bon appareil photo depuis quelques mois, et je l'avais emmené mais ce serait maintenant, je crois que je ferais encore plus de photos et pas forcément les mêmes. Bon, il faut se replacer dans le contexte : j'étais étudiante, un peu fauchée, le numérique n'existait pas (ni les personal computers d'ailleurs, incroyable !) et les diapos, c'était quand même un peu cher...
Première partie, une marche dans les environs du refuge de Labérouat, si j'en crois les quelques notes qui me restent. Cette photo a été prise après le refuge, y avions-nous dormi ? Je ne me rappelle plus.
Comme on le voit, il y avait du brouillard. Un épais brouillard. Nous étions au pied d'une majestueuse montagne, peut-être le Billaré ? D'autant plus majestueuse et mystérieuse qu'elle était noyée dans cette épaisse brume. Billaré signifierait vieux pic rocheux. Sur internet, j'ai trouvé une photo où on reconnaît bien ce pic.
On y parle aussi du refuge de Labérouat. Celui-ci doit son nom aux noisetiers : Abérouat est le lieu où poussent des noisetiers, entre lesquels les bergers du cirque de Lescun (le plus haut village du Béarn) conduisent leurs troupeaux de brebis, de vaches et de juments. Construit au début des années vingt, il a été longtemps un centre de vacances. Il a été récemment entièrement rénové. Je ne me souviens absolument pas si nous y avions dormi ou pas, je suppose que non, je crois que nous sommes montés dormir dans une cabane de bergers.
On y voit toujours mieux au ras du sol... Ici, un petit crocus d'automne, couvert de rosée.
J'avais été fascinée par ces hêtres poussant à même un gros rocher. Où ces arbres trouvent-ils de la terre pour se nourrir ?
Ce vallon pelé est-il le vallon d'Anaye ? Possible... J'aime ces vastes paysages de montagne, le gris des rochers et le vert amande des prairies rases. Cette âpreté est-elle le fruit d'une surexploitation de la montagne, par l'élevage ou la coupe du bois, ou bien est-elle liée au rude climat montagnard ? Je penche plutôt pour la première hypothèse, puisqu'il semble que l'activité pastorale était et et encore intense dans ces montagnes. D'ailleurs, de ci de là, il reste encore des bois.
Quand on est botaniste, l'hiver est une saison frustrante ! J'ai quand même observé un chardon surpris par la neige. Il a l'air tout désolé de cette épaisse blancheur, avec ses deux bras en l'air, sa tête penchée...
Nous avions décidé d'aller faire cette randonnée avant que les premières neiges ne tombent. Mais dans les Pyrénées, il neige toujours pour la Toussaint... Et ça n'a pas manqué. J'ai le vague souvenir d'une nuit dans une cabane de berger, peut-être celle de Lagnes, de l'Ardinet ou de Cap de la Batch ? Et d'un paysage tout couvert de neige fraîche au matin. Mais en ce temps-là, je ne faisais jamais de photos de bâtiments, pourquoi au fait ? Nous voilà redescendant le vallon enneigé, avec toujours cet épais brouillard.
Un bouquet d'arbres encore couverts de leurs feuilles dorées émergeait de la brume.
Nous sommes repassés devant ces hêtres poussant sur leur rocher... mais tout enneigés maintenant !
Évidemment, ça ne rend pas aussi bien en photo, mais les sapins couverts de neige sont toujours tellement beaux ! Et toujours cette mystérieuse montagne invisible qui se devine à peine derrière...
Quand j'y pense ! Jamais je ne me lancerais maintenant dans une aventure aussi hasardeuse ! C'est beau, d'être jeune.
Le peut-être Billaré n'est-il pas incroyablement mystérieux, ainsi ? Aussi étonnant que cela puisse paraître, il me semble que les montagnes ne m'ont jamais semblé menaçantes.
La végétation a été surprise par la neige. Ici, des ajoncs nains (Ulex minor), encore couverts de fleurs jaune vif, entremêlés de fougères.
Et là, sans doute du bouillon blanc (Verbascum thapsus).
Il n'y a pas que la végétation, qui a été surprise par la neige ! Nous autres randonneurs jeunes et inconscients aussi... La route que nous avions empruntée sans problème pour venir était couverte d'une épaisse neige poudreuse. La voiture naviguait de façon un peu périlleuse, et mes compagnons ont décidé de la tenir en laisse pour qu'elle ne quitte pas la route.
Ne dirait-on pas des trappeurs tenant fermement leurs chiens de traineau ? Bon sang ! Si mes enfants me racontaient avoir fait ça, qu'en penserais-je ?
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En remerciement au Crapaud boiteux qui m'a dédié ses photos du lever de soleil de ce matin, voici quelques photos d'aube ou de crépuscule. Moments magiques et magnifiques dont on ne peut pas se lasser...
Un coucher de soleil à Oléron :
Un coucher de soleil en Lauragais :
Eh oui, je ne suis pas très matinale !
Celui-là, c'est un lever de soleil, dans le Lauragais il y a bien longtemps (juin 1988) :
Encore un coucher de soleil sur l'Atlantique, non loin de Bordeaux sans doute, mais on ne s'en lasse pas, ils sont tous différents ! Quelle paix se dégage d'un coucher de soleil sur l'océan... En ce temps-là, il nous est arrivé parfois, à la belle saison, d'aller voir le soleil se coucher sur l'Atlantique, petite balade apaisante après une rue journée de boulot en ville. Nous étions jeunes et fauchés, mais le carburant n'était pas cher à l'époque.
Un lever de soleil dans la brume, Lauragais encore, magique ! Et sans bouger de chez moi ;-)
Et un coucher de soleil en montagne ?! N'est-ce pas incroyablement majestueux ?
Oh, et je retrouve celui-là, lever ou coucher de soleil ? En tout cas, c'est le Sacré-Coeur à Paris mais je ne sais plus d'où je l'ai pris ; sans doute de chez mes parents dans le 19è ?
Et pour finir, un dernier coucher de soleil sur la chaîne des Pyrénées, telle que je la voyais de chez moi dans le Lauragais en novembre 1990, avec un agriculteur finissant de travailler son champ :
Le pic bien rond au milieu, c'est le Pic du Midi de Bigorre, certains jours on pouvait deviner l'Observatoire avec des jumelles, qui brillait au soleil ! Et, en regardant vers l'est, on pouvait apercevoir le Canigou... Quelle richesse !
Il est loin, ce temps où j'avais tant de beautés à ma porte...
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Il y a trois ans, en automne, je suis allée avec des copains en balade dans la forêt de l'Aiguille (Montagne Noire). J'adore les balades en forêt l'automne, surtout quand il y a du soleil qui illumine les magnifiques couleurs des arbres. Chaque espèce (on parle d'essence à propos des arbres) a les siennes. En automne, la lumière rasante confère une luminosité particulière aux paysages.
Nous avons longé un ruisseau pendant un moment.
En automne, on peut deviner sous quels arbres on marche en gardant les yeux rivés au sol. Ici, principalement des chênes et des hêtres.
Plus loin, des chênes et des tilleuls, aux feuilles jaune-vert pâle, en forme de coeur, comme l'arbre lui-même.
Un jeune hêtre flamboie au soleil. Le hêtre est reconnaissable à ses branches très horizontales, et ses splendides couleurs de flamme en automne.
Plus loin, des fougères surmontées par des chênes aux troncs noirs et tortueux.
Ici un hêtre qui se prépare à devenir imposant. Le hêtre est un rude concurrent pour le chêne : jeune, il pousse à l'ombre des chênes, ensuite, il n'hésite pas à les étouffer de la sienne ! Celui-ci a déjà commencé à faire place nette autour de lui...
Oh, un trio de champignons et, malgré la fraîcheur, un petit grillon !
Ici, un sous-bois de houx et de chênes.
Une curiosité : d'anciennes "marmites" à charbon de bois.
Le charbon de bois est produit en faisant brûler le bois "à l'étouffée". C'était autrefois le travail des charbonniers, qui oeuvraient dans les bois. Maintenant, j'imagine que c'est totalement industrialisé.
Un dernier coup d'oeil aux chênes élancés, avec du houx en sous-bois. Ce fut une bien belle balade, que les photos rendent, hélas, si peu.
Et voici le houx, un pied femelle avec ses belles boules rouges. Le houx est dioïque : il y a des pieds femelles qui portent les fruits, et des pieds mâles qui n'en auront jamais.
Il faut bien sûr quand même un pied mâle non loin des pieds femelles pour avoir des fruits sur ces derniers.
Cette année, je ne suis encore allée en balade nulle part, tant pis.
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